Le secteur minier chinois, une opportunité pour l’Afrique

Ce mois-ci, nous souhaitons évoquer certains aspects clés que les entreprises minières africaines doivent avoir à l’esprit lorsqu’elles réfléchissent à un partenariat avec des entreprises chinoises pour profiter des opportunités créées par la consolidation gouvernementale du secteur minier chinois.

Un aperçu du secteur minier chinois

Bien que l’Afrique regorge de ressources minières, la Chine détient le titre du plus important secteur minier au monde. Elle est l’un des plus grands producteurs de minéraux comme l’or, le plomb, le charbon, l’étain, le fer et l’argent, et produit plus de 90 % des terres rares au monde.

Paradoxalement, la Chine est aussi le premier consommateur mondial de ces minéraux, et doit souvent en importer pour répondre à la demande. Il semble évident que le succès futur de l’économie chinoise repose sur sa capacité à sécuriser sur le long terme son accès aux ressources minérales.

Consolider le secteur minier

Selon le ministère chinois du Territoire et des Ressources, il existe plus de 100 000 entreprises minières en Chine, dont plus de la moitié sont des petites entreprises. Cette multiplicité de petites entreprises a pour conséquence une production minière inefficace et des risques accrus pour les travailleurs, car les accidents se produisent surtout dans les petites mines, en particulier dans le secteur du charbon. Pour résoudre ces problèmes, le gouvernement chinois a cherché à consolider le secteur minier. Les plus petites entreprises se voient obligées de choisir entre ces différentes options :

• Augmenter la production aux niveaux exigés par le gouvernement. Les entreprises avec un capital suffisant peuvent tout simplement augmenter la production pour entrer dans les critères gouvernementaux. Cependant, les exigences gouvernementales élevées et l’importance des investissements nécessaires font que cette option n’est pas toujours envisageable.

• Collaborer avec des acteurs de plus grande envergure pour atteindre la production requise. C’est la solution privilégiée par la plupart des entreprises. Cependant, la compétition entre les entreprises, leurs divergences culturelles et les fréquents désaccords sur les termes de la coopération font que cette option n’est pas toujours envisageable.

• Sortir du marché. Si les deux premières solutions ne sont pas possibles, les plus petites entreprises se voient contraintes de sortir du marché, soit en fermant, soit en allant dans d’autres pays. C’est une opportunité pour les entreprises africaines, en particulier celles qui cherchent des partenariats.

Une opportunité pour les entreprises africaines

Dans certaines provinces comme le Hebei, des petites entreprises (souvent privées) sont poussées hors du secteur du fer et de l’acier. Certaines de ces entreprises n’ont pas de problème en termes de technologie et de transformation des produits, mais elles n’ont pas une valeur de production suffisante et ont du mal à réduire leur consommation d’énergie et leurs niveaux de pollution. Voici les principaux avantages des entreprises africaines :

1. Opportunité de transfert technologique  – L’opportunité de transfert technologique et d’expertise est réelle. Etant donné l’importance du secteur minier en Chine, les entreprises classifiées comme petites en Chine pourraient être considérées comme de grandes entreprises en Afrique. Les acteurs de faible envergure sont poussés hors du marché, mais où iront-ils ?

2. Opportunité pour des investissements en capital  – Comme les plus petites entreprises sont poussées hors du marché intérieur, elles investiront leur capital dans d’autres secteurs ou se dirigeront vers l’étranger pour trouver d’autres projets.

3. Opportunité pour les exportations  – Comme les plus petites entreprises sortent du marché et que le ralentissement du secteur minier continue, le déficit minéral de la Chine provoquera une augmentation des importations, en particulier de minéraux de haut grade.

4. L’impulsion du « going out »  – Ce ne seront pas seulement les petites entreprises qui se dirigeront vers l’étranger. Avec un secteur de l’acier qui produit au-delà de ses capacités depuis des années et qui fait face à une diminution des subventions gouvernementales, des entreprises de plus grandes envergure cherchent également à sortir de Chine. Sinosteel, l’une des plus grandes entreprises chinoises de fer et d’acier, a ainsi signé un accord de coopération avec le gouvernement kenyan pour développer conjointement une usine d’acier.

Les entreprises africaines ont besoin de partenaires stratégiques

Il serait naïf de croire que toutes les entreprises poussées hors du marché chinois sont des partenaires viables. En réalité, beaucoup ont de réelles difficultés en termes de consommation excessive d’énergie, de nuisances environnementales, de technologies inadaptées et de sécurité au travail insuffisante. C’est pourquoi les entreprises africaines doivent être attentives lorsqu’elles sélectionnent leurs partenaires miniers chinois. Elles doivent comprendre les implications des technologies et processus offerts, en particulier en termes environnementaux. Il faut visiter les zones polluées en Mongolie intérieure pour comprendre que parfois, les meilleures leçons à tirer de l’industrie chinoise est ce qu’il ne faut pas faire.

Cet article est apparu dans la magazine Chinafrique disponible ici Le secteur minier chinois, une opportunité pour l’Afrique

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